Les glaces du Kilimandjaro : pourquoi régressent-elles ?

En juillet 2019, nous avons entrepris l’ascension du Kilimandjaro (5895 m). Cette belle aventure sportive et familiale m’a permis d’observer les facteurs de la régression des glaces. Le réchauffement climatique n’est pas la seule cause, il est lié à la fonte des glaciers, mais la baisse des précipitations est responsable de la régression des glaciers au Kilimandjaro.

En effet, chaque année les périodes estivales et les températures supérieures à zéro degré en haute altitude font fondre les glaces et ce, depuis des millénaires. Mais, les précipitations hivernales réapprovisionnaient les glaciers. Depuis quelques décennies, les faibles précipitations ne parviennent plus à renouveler les glaciers.

La diminution de la pluie sur les sommets et les pentes du Kilimandjaro se traduit par la baisse des chutes de neiges. Elle serait due à plusieurs facteurs régionaux et humains.

Selon l’hypothèse la plus affirmée, c’est la déforestation qui est la principale cause de la diminution de la pluviométrie. En effet, les forêts n’ont de cesse d’être détruites au profit de cultures intensives de café, thé, banane, etc… A notre arrivée dans les plaines au pied du Kilimandjaro, nous sommes étonnés par leur abondance. Les terres volcaniques sont très fertiles et propices à l’agriculture. Elles encouragent donc les paysans à s’installer dans cette région.

Les cultures intensives au pied du Kilimandjaro. Les cultures de café (au centre), de thé et de banane (à droite) ont remplacé les forêts.

Mais la disparition des forêts primaires denses et riches en arbres de grande taille au profit d’arbustes agricoles de plus petite taille entraîne un bouleversement de l’écosystème régional et une diminution de l’humidité atmosphérique. En effet, la forêt joue un rôle de réservoir d’eau par l’évapotranspiration (la quantité d’eau transférée vers l’atmosphère par la transpiration des plantes). La forêt a un impact direct sur les précipitations locales. Sa disparition dans la région du Kilimandjaro pourrait être fatale au glacier. Même si, depuis 1973, un parc national a été créé sur les flancs du Kilimandjaro, celui-ci n’est pas suffisant, en terme de surface, pour avoir un impact sur la pluviométrie.

Schématisation du mont Kilimandjaro montrant la faible proportion de forêt protégée (source : Léa Sébastien)

Initialement le parc a été créé pour la protection de la biodiversité locale et pour contribuer à la gestion de l’impact touristique. Les réglementations du parc sont strictes et bien suivies.

30.000 touristes se rendent au Kilimandjaro chaque année, leurs passages fragilisent l’équilibre naturel et favorise l’érosion des sols déjà fragiles. Pourtant, nous avons été ébahis par la propreté et la biodiversité de ce parc. Des ONG mettent en place des collectes des déchets et nos guides Tanzaniens étaient extrêmement respectueux de la faune et la flore. Le respect des sentiers est manifeste, ce qui limite l’érosion à de très faibles surfaces.

Forêt humide dans le parc national du Kilimandjaro.

Néanmoins, les efforts fournis pour la préservation de ces 756km2 ne suffissent pas à diminuer la vitesse de fonte. Le parc national à lui seul ne suffit plus à assurer la régulation bioclimatique du cycle de l’eau. Les zones de cultures ont détruit excessivement le couvert forestier hors du parc qui assurait la régulation bioclimatique du cycle de l’eau par l’évapotranspiration. Si les précipitations n’augmentent pas, les glaciers du Kilimandjaro vont continuer de fondre et selon Futura Planète, « si la vitesse de fonte actuelle est conservée, le glacier Credner (situé sur le versant nord-ouest du pic, il est le vestige d’une calotte glaciaire qui a autrefois couronné le sommet du mont Kilimandjaro, il est situé à une altitude comprise entre 5 800 et 5 500 mètres) disparaîtra complètement d’ici 20 ans ».

Le comble dans cette histoire est que, depuis quelques années, l’activité humaine a augmenté et nécessite de plus en plus d’eau, que ce soit pour la consommation directe de la population ou pour l’agriculture. On rentre dans un cercle vicieux où la demande en eau est toujours plus forte et les précipitations toujours plus faibles ! Aujourd’hui, les cultivateurs voient leurs canaux d’irrigation s’assécher et leurs plantations avec …

Problèmes évoqués par les acteurs liés à l’eau
(source Isabelle Roussel et Helga-Jane Scarwell)

On comprends, alors la nécessité de changer les modes de cultures. Comme le mentionne Isabelle Roussel et Helga-Jane Scarwell « … le climat nous pousse à changer d’ère » !

Cette ascension fut donc un ascenseur émotionnel fort. Quel émerveillement, quelle beauté ! Nous avons admiré la force de la nature tout en prenant conscience de l’impact négatif que l’humain peut avoir sur elle et de l’urgence écologique.

Alix Philizot

Sources :

https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/climatologie-glaciers-kilimandjaro-disparaitront-ici-2030-50990/

http://www.23dd.fr/climat/le-kilimandjaro

https://books.openedition.org/septentrion/15000

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