L’Art des herbiers

Pourquoi réaliser un herbier ? Quelles sont les étapes à suivre ?

Amoureux des plantes et de la botanique, la création d’un herbier est venue à nous comme une évidence. Crée au XVI ème siècle par un botaniste italien, Luca Ghini, l’herbier est le plus ancien outil du naturaliste.

A l’ère de la photographie et d’Internet, l’herbier reste indispensable dans la description, la classification et la mémorisation des espèces végétales. En effet, les herbiers sont de véritables trésors patrimoniaux indispensables à la connaissance du monde végétal. Témoin de l’évolution des connaissances, ces outils scientifiques permettent, par exemple, d’établir la biogéographie d’une espèce, d’enrichir les études taxonomiques, d’étudier les migrations liées au climat ou de décrire, nommer et identifier une nouvelle espèce.

Il existe des herbiers de référence de niveau mondial (Muséum national d’Histoire naturelle, Kew Garden) ou local (Herbier Départemental de la Réunion ou Herbier du Jardin Botanique de Tananarive). Ces outils scientifiques sont enrichis et modifiés en fonction des différentes contributions, ils sont de véritables outils vivants qui évoluent grâce à un travail collectif.

Notre objectif est d’apporter notre contribution à ces herbiers de référence. Nous souhaitons, à terme, intégrer les collections du Kew Garden (voir notre article consacré à la visite de l’herbarium du Kew) et du Muséum national d’Histoire naturelle. Nous avons la volonté de créer une véritable base de données scientifiques à partir des espèces malgaches et des oléagineux rencontrés. Pour ce faire, nous devons réaliser un herbier dans les règles de l’art avec un matériel adapté, afin qu’il soit conforme aux normes des herbiers de référence.

D’après notre expérience, réaliser un herbier nécessite 4 grandes étapes : la récolte, le séchage, l’identification et le stockage. Voici comment nous procédons :

La récolte des plantes

La première étape de l’herbier consiste à récolter les plantes. Certaines plantes nécessitent une véritable expédition avec un matériel adapté. C’est le cas lorsque nous étions à la recherche de l’arbre qui saigne ( Brochoneura acuminata). Et parfois, une plante à quelques pas de chez soi revêt un véritable intérêt.

Une fois la plante ou l’arbre trouvé, il faut procéder à la récolte. Pour ce faire, nous sélectionnons une plante d’apparence typique au sein de la population. Puis, nous récoltons la plante, excluant le système racinaire. Il est possible de récolter la partie juvénile seulement si la partie adulte est, elle aussi, récoltée.

Certaines parties sont parfois trop imposantes. Dans ce cas, nous les coupons en deux ou les faisons sécher à part. Concernant les arbres, nous cueillons une branche avec plusieurs feuilles à l’aide d’un sécateur pour ne pas abîmer l’arbre.

Nous stockons ensuite les plantes dans une presse portable afin de les préserver et de les préparer au séchage. Chaque prélèvement fait l’objet d’une prise de données et d’une numérotation afin de faciliter l’identification finale.

Le séchage

Nous plaçons ensuite les plantes dans un système de presses en prenant soin de séparer chaque plante à l’aide de papiers journaux, de cartons et de plaques d’aération. Cette méthode permet de laisser l’air circuler entre chaque échantillon. L’objectif du séchage et de retirer l’humidité afin d’éviter le développement de moisissures.

Les presses sont ensuite placées dans un four et y passent environ 12 h. Attention le temps de séchage varie en fonction de la taille et de l’humidité des plantes.

Certains utilisent une petit presse (ci dessous), sans séchage au four. Mais ce type d’utilisation n’est pas assez productif pour nous. Nous privilégions un système de presse plus imposant ainsi qu’un séchage au four.

Après le séchage, les plantes sont fragiles et doivent être manipulées avec soin. Pour le montage, nous disposons les plantes sur des feuille de papier d’un format standard afin de faciliter la classification des grandes collections. Les plantes sont ensuite déposées délicatement puis fixées à l’aide d’un papier spécial à la colle d’amidon.

L’identification

Nous utilisons plusieurs méthodes pour l’identification des spécimens de nos herbiers. L’identification peut être réalisée par des botanistes locaux ou grâce à des recherches dans des ouvrages spécialisés.

Mais la majorité du temps, nous identifions les plantes récoltées grâce à I-Naturalist. Cette application permet l’identification de la faune et de la flore. La plante doit être photographiée dans son milieu naturel puis elle doit être identifiée et validée par au moins deux contributeurs avant d’être référencée.

En complément de ces méthodes, nous croisons les données contenues sur Gbif (Global Biodiversity Information Facility), un projet scientifique international qui publie toute l’information connue sur la biodiversité.

Puis, les étiquettes sont imprimées puis collées sur chaque planche. Nos étiquettes contiennent les informations suivantes :

  • Nom du collecteur
  • N° de l’herbier
  • Nom scientifique
  • Nom commun
  • Date de récolte
  • Lieu de récolte
  • Lat. / Long. / Alt.
  • Commentaires

Le stockage

Une fois les planches terminées, elles peuvent être stockées à l’abri de la lumière, de la poussière et des insectes dans un lieu sec, à température ambiante. L’idéal est de maintenir une température de 15° et un taux d’humidité de 50%.

Nous stockons actuellement notre collection. Les plantes ont été collectées en 5 exemplaires. Notre objectif est de garder deux collections, d’en envoyer une au Kew Garden et une au Musée National d’Histoire Naturelle et une pour le centre botanique du pays où est collectée la plante.

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